Le mot en M.

Je n’avais aucune idée de la mère que j’allais être. Enceinte, je n’arrivais pas vraiment à me projeter ou à définir quel genre de parent je serai. J’avais déjà du mal à intégrer le fait que j’étais enfin enceinte d’un enfant en bonne santé que j’allais porter jusqu’au terme, que nous allions enfin devenir parents et nous plonger dans le tourbillon qu’est la vie avec un enfant.

Là où les mères se posent des questions sur leurs futurs principes d’éducation, je m’inquiétais de savoir si mon bébé était bien réel et resterait avec nous. Si j’allais devoir accepter une autre perte, faire un autre deuil. Et bien malgré moi je n’ai pas pu vivre ma grossesse concrétement, sans être sur le qui vive, en alerte du moindre signal de détresse.

Me demander si je serai une mère qui prévient, punit et reste ferme. Une mère patiente et aimante. Ou une maman laxiste comme on nous en présente parfois dans ces reportages caricaturaux. Une mère absente, une mère dépassée, une mère distante.
Tout ça ne m’a pas effleurée.

Tout ce temps j’ai juste voulu être une maman.

Et quand ce jour est arrivé, beaucoup de choses m’ont dépassée. Comment gérer un enfant qui pleure tant? Je ne m’y étais pas préparée. Comment accepter l’échec de mon allaitement ? Je ne l’avais pas envisagé.
Bébé était là et je n’avais, pour une fois, pas fait de projection, rien de défini.

Petit à petit j’ai découvert deux personnes en moi. Ou presque, parce qu’elles sont la même.

La fille et la mère.

Plus mon amour pour cette petite fille grandissait, plus j’avais envie de lui donner le meilleur. Puiser au fond de moi pour vaincre la fatigue et combattre sa douleur. Essayer d’égaler la patience et la douceur de son père avec lesquelles j’aurais toujours du mal à rivaliser.

Et heureusement qu’il est là.

Il m’arrive d’être à bout, épuisée par mes longues journées et de vouloir juste me reposer. De ne plus en pouvoir de mon double agenda et des trop nombreuses casquettes que je m’impose toute seule. De ne pas supporter ses pleurs qui me ramènent des mois de souffrance en arrière.

De lui crier mon ras le bol. De lui dire que j’en ai marre. Qu’elle m’use. Qu’elle me fatigue.

A mon petit bébé que j’ai tant attendu.
A ma fille qui me manque toute la journée, à ma princesse que je ne vois que trop peu.

De me sentir frustrée, à cran, incapable, comme pendant les premières semaines. Comme si aucun progrès n’avait été fait.

Et puis… je sens ta tête posée sur mon épaule et je te regarde t’endormir dans mes bras. J’ai déambulé dans la cuisine pendant de longues minutes, bercé sans réfléchir, dans la pénombre et la vue sur les collines, sans réfléchir. Juste en te serrant contre moi. Tu dors et tu souris dans ton sommeil.

Et là je sais que je me fiche d’être une mère parfaite, une mère attentive, une mère soigneuse, une mère cultivée, une mère présente, une mère ferme, une mère organisée.

Je suis juste ta maman.

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