Ce n’est pas rien.

Avec le temps, on n’oublie pas.

Ceux qui vous disent ça ont tort, ou n’y connaissent rien.
Avec le temps, la douleur diminue, progressivement, mais ne disparaît pas.

Vous la trainez derrière vous comme un boulet au pied, parfois plus léger, parfois très lourd. Il suffit parfois d’un rien pour qu’elle se rappelle à vous.

Certaines dates, certaines images, certains mots, certains sons … Et revoilà l’amer souvenir de ces deux dures épreuves, le vide après, le cauchemard pendant, la joie d’avant. Dans ma mémoire tout se rejoue toujours à l’identique, et on n’échappe jamais à la triste issue. L’espoir, la découverte, les projets, la chute.

L’attente puis le même scénario, quoique légèrement différent. En pire, en mieux, je ne sais toujours pas.

Les questions, les pourquoi, les « et si », le doute, les larmes. L’image d’une échographie immobile.
Pourquoi attendre 2, 3 mois avant de partir ? Pourquoi nous laisser le temps d’espérer, être heureux ?
De baisser notre garde ?

L’envie d’en parler, mais personne ne sait, et ceux qui savent n’ont pas envie.
Ou ne savent pas quoi dire.
Et le silence, le froid, du côté médical.

« C’est n’est rien. Ca arrive une fois sur quatre. »

Je ne suis qu’une donnée statistique, au fond. Ma douleur, mes angoisses, mes regrets, mes rêves à abandonner, tout ça, ce n’était rien. La larme de joie devant le positif, les nausées, les prénoms, et tout ce qu’on ne nous dit pas.
C’est tabou, mais c’est banal.

Comment peut on dire ça ?

Dire à une femme, à un couple, à de potentiels parents, qu’ils doivent faire comme si rien ne s’était passé ?
Dire à une mère en devenir qu’elle ne sera plus qu’un vide, alors qu’elle était déjà remplie d’amour ?
Dire que c’est fréquent, que ce n’est pas grave ?

Qu’une banale prise de comprimés va tout arranger.
Je me souviens encore des douleurs et de la fin la première fois.

Qu’il suffit d’une opération de routine et ça repart.
J’ai pleuré en salle de réveil. Puis des mois après avoir tout refoulé.

Alors non, ce n’est ni banal, ni normal, ni la nature qui fait bien son travail. Même si au fond on sait que si.

Et c’est tout, c’est tout ce que vous voulez sauf rien.
Il suffit de le vivre pour savoir.

Jamais deux sans trois. Ce dicton absurde qui a plané au dessus de moi, de nous, toute ma grossesse. Cette inquiétude qui ne m’a jamais quitté, même lors de ton premier souffle.
J’ai longtemps cru que je ne te tiendrai jamais dans mes bras, alors te regarder rire, danser, grandir est toujours aussi précieux.

Tu es la preuve que tout ça, ce n’était pas pour rien.

10 commentaires

  1. Tu sais, à quel point tes mots raisonnent en moi, à quel point ils m’ont mis les larmes aux yeux… Tu sais combien je ressens chaque coup de poignard dans le cœur comme tu les ressens aussi… Les dates, les périodes, les époques, les souvenirs, rien que voir un test positif, un dosage HCG… nous renvoient à des souvenirs pas si lointains et à la fois comme dans une dimension parallèle, comme si nous étions anesthésiées…Plein de bisous ma chérie !

  2. La douleur est intacte . Cest un bleu au coeur . Un sentiment atroce quand on y pense … Cette douleur physique et morale ne me quittera jamais . Je nai jamais eu si mal que seule dans ce corps a attendre la fin de ce chauchemard … Ces larmes sont incomprises et ne changeront rien . Jetais seule et cette douleur cest moi seule qui la portera a vie . Jamais deux sans trois … Lavenir sera rude lors des prochains essais . Merci pour ces mots sur mes maux . Bisous puce

    1. A chaque fois c’est différent, il faut essayer de regarder le positif et voir que tes essais t’ont donné 2 beaux enfants 😉 Ca fait partie de notre histoire, ça nous a construit, et on se comprend quand on l’a vécu.Gros bisous Toupou.

  3. rien à dire c’est tellement ça !j’ai vécu une grosse arrêté et un curetage parce « qu’il » ne voulait pas partir naturellement …les gens, ces bien pensant mieux vaut maintenant que plus tard, tu ne l’as pas senti bouger, tu ne l’a pas vu, c’est que quelque chose n’allait pas, la nature est bien faite …les gens ne veulent pas en parler j’y ai pensé à la date présumé d’accouchement, j’y ai pensé toute ma grossesse je suis restée accroché à mon tommy pod pour l’entendre, j’y ai pensé quand des saignements sont venus à nouveau, j’y ai pensé quand j’ai accouché, j’y pense quand je vous ma fille, j’y pense quand j’entends certaines musique … certaines oublies d’autres non …

  4. ♥♥♥
    j’ai eu la chance de ne pas avoir à vivre ça même si du jour où j’ai eu mon test positif je n’ai pensé qu’à ça, ce miracle qui nous était donné je ne le pensais pas possible. Le jour de la 1ère écho je m’attendais àç ne rien entendre, je pensais oeuf clair, je pensais coeur arrêté, je me suis écroulée en l’entendant battre.
    Je n’ose imaginer quelle douleur ça peut être…et les gens pffff
    plein de bisous,
    d’un côté, tu vois, Liloute elle dort pas juste pour te permettre de l’admirer à loisir uhuhuh (humour de merde entre mères RGO)

    1. <3 🙂 J'ai la chance d'avoir deux filles en relativement bonne santé (si on exclut ce foutu RGO les allergies etc) et me souvenir de tout ça donne de la force pour les journées "sans" … Cette peur que tu as eu à l'écho, je l'ai eu à chaque fois pour mes deux filles. Et je n'ose même pas repenser à ce que c'est de voir une image figée à l'écho des 12 SA… De ne rien entendre et voir la tête de l'échographe s'assombrir quand toi, tu as déjà compris…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *