Mon corps, mes complexes et moi.

J’ai le complexe du corn flakes tenace.
Et je pense qu’apès avoir subi les changements physiques de la grossesse, ils (oui, en fait ils sont plusieurs) ne pouvaient que revenir à la charge.

Je préviens, vous risquez de me détester. Parce que je vais me plaindre d’une chose qui va peut être vous paraître enviable. Mais de mon point de vue c’est loin de l’être.

Mon complexe à moi c’est mon poids, ma silhouette, mes formes, mais pas dans le sens habituel…

Il me manque des kilos.

Tous les jours mon métier fait que je vois des personnes en situation de surpoids, léger ou non, qui veulent perdre du poids pour toutes sortes de raisons, pratiquement toutes légitimes.
Je suis contente quand j’arrive à les aider, même un peu, parce que quand quelqu’un veut vraiment maigrir (j’insiste la dessus: c’est personnel et il n y a aucun mal à s’accepter en surpoids. Et il faudrait faire ça pour sa santé en priorité pas pour frimer sur la plage en taille 34…), c’est important pour lui, c’est un but, un changement de vie, un moyen de se retrouver.

Toujours est-il qu’on propose énormément de solutions pour maigrir, certaines plus efficaces, plus équilibrées, plus douces que d’autres, de la plus raisonnable à la plus farfelue. Que dans toutes ces solutions il y en a parfois une qui marche, qu’on a (un peu) le choix.
Qu’on se comprenne bien, je sais que c’est difficile. Je sais qu’on reprend souvent du poids après, que c’est une lutte à vie dans certains cas.

Et j’admire les personnes qui ont autant de volonté, qui arrivent à vaincre leurs complexes aussi.

Mais moi, j’ai toujours été maigre.
Pendant mon adolescence, à la limite de la maigreur, avec un IMC (le fameux sigle/rapport qui ne veut rien dire pris tout seul sans les données perso…) trop bas.

A l’époque : environ 45 kilos pour 1m64. Taille 32-34.
On me demandait souvent si j’étais anorexique, si je mangeais à ma faim.
Les surnoms « fil de fer », « planche à pain », les moqueries sur les courants d’air qui allaient me faire m’envoler, le fait qu’on pourrait me « faxer », mes os qui soit disant devaient se casser à chaque effort… Pas facile non plus.

Etre trop maigre, c’est trop youpi. (Crédit: gerblé)

Pendant mes études, quand j’ai appris le terme « maigreur constitutionnelle » ou « maigreur physiologique », et j’ai enfin eu une explication, un mot sur mes maux.

C’est à ce moment la que prendre la pilule m’a fait passer dans la catégorie « poids normal ». C’était déjà une petite victoire.

Mais peu importait. Le complexe du corps trop fin, sans formes, fragile et pas féminin avait de toute façon réussi à s’ancrer en moi pour ne plus en sortir.

Avec la vie de couple et l’âge, j’ai finalement atteint mon « poids idéal » en 2010.
54 kilos, une taille 36 voire 38, je me sentais enfin mieux, enfin « normale ». Un exploit de prendre presque 10 kilos, là où certaines cherchent à les perdre.

Un peu à contre courant, mais au final, pas mal de connaissances en surpoids compatissaient… je me souviens de celle qui m’a dit « De toute façon, dans ton cas comme le mien, quand on est hors normes on est pointés du doigt. »

Je suis sortie de la zone rouge. Du moins, je crois… Depuis la naissance de miss S., depuis la joie d’avoir eu un corps et des formes abritant la vie, je perds à nouveau du poids. Trop.
La barre des 50 a été dépassée, la taille 36 semble trop large, ma silhouette s’infantilise à nouveau… et mes angoisses ressurgissent.

(Ca y est, vous me détestez? ^^’)

Je crois qu’on est toutes un peu exigeantes envers notre apparence. Et franchement j’envie ces rondes qui s’affirment, qui s’assument, qui ont l’air beaucoup plus vivantes que ces mannequins filiformes (ou que moi)

Et comme c’est génétique, j’ai toujours peur que ma fille n’en souffre… Mais peut être qu’elle saura se poser moins de questions et se mettre quand même en valeur si ça lui arrive, ce n’est pas une tare.
Mais aussi, avec le recul, je me rends compte que j’ai beaucoup trop blamé ma mère, qui n’y était pour rien et est passée par les mêmes tourments…

La solution pour moi ne serait pas de grossir (j’ai déjà essayé, en vain), mais de m’accepter, une bonne fois pour toutes.

Parce que l’essentiel c’est d’être bien dans ses baskets sa vie et sa peau, non ? De profiter des petits bonheurs et mettre de côté tout le reste…

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