En demandons-nous trop à nos enfants ?

On se plaint souvent de ce que nos enfants nous font « subir ». C’est vrai, devenir parents n’est vraiment pas de tout repos… Et devant les difficultés, on se montre parfois un peu exigeants en attendant d’eux qu’ils réagissent presque comme des adultes. Ou comme ceux des autres, sur le papier évidemment, car les enfants du voisin ne sont certainement pas aussi « dociles » qu’il le dit… Souvent, je me pose la question, moi qui râle sans arrêt sur le comportement de Liloute, mettant l’accent sur tout ce qu’elle ne fait pas ou pas assez bien : est ce que je ne lui en demande pas un peu trop pour un enfant de presque 3 ans ?

On leur demande de faire leurs nuits à la sortie de la maternité, eux qui viennent de débarquer dans notre monde et ne savent pas lire l’heure. Nous qui nous couchons à l’heure qu’on veut, faisons des insomnies, des nuits « pourries » sans savoir pourquoi.

On leur demande de se coucher à heure fixe tous les soirs, sans nous, sans dire un mot. Sans essayer de nous retenir pour passer le plus de temps possible avec nous. Sur ce point, j’avoue, je suis particulièrement exigeante : Liloute nous a habitués aux couchers express depuis ses premières semaines et depuis un an nos soirées sont souvent rythmées par ses couchers, mais surtout ses innombrables levers. Les nerfs et la fatigue amplifient le tout et on se dit que chez les autres, ce n’est pas comme ça : c’est bien connu TOUS les enfants se couchent sans histoire à 20 heures, 365 jours par an.

On leur demande de dormir seuls et loin de nous le plus tôt possible. De ne jamais nous déranger la nuit. Et surtout, surtout, de ne jamais venir dans le lit parental chercher du réconfort, ils en prendraient l’habitude et là, impossible de les virer jusqu’à l’âge de leur majorité !

On leur demande d’être indépendants.

D’être sages comme des images.

De ne pas bouger.

De se dépêcher.

De se taire.

De répondre à la dame.

D’arrêter de répondre, de protester, et d’obéir.

Comprenons nous bien : je suis comme vous, je crie, j’exige, je demande qu’elle écoute sans objecter. Je veux qu’elle me respecte, qu’elle soit « facile », qu’elle agisse comme un adulte miniature bien souvent. Je suis fatiguée, à bout parfois, et à cet âge les enfants sont loin d’être « faciles », « dociles » et nous laissent que peu de répit entre chaque crise de colère ou d’opposition.

On s’autorise à crier, à se décharger, puis on culpabilise, tout le temps.

On nous (se) demande d’être de supers parents, sans faille, pas un mot plus haut que l’autre. Bienveillance et amour 24 heures sur 24.

Petit problème : nous sommes aussi (et surtout) humains. Et en face, ce sont de mini humains. Des enfants. 

Un enfant, ça apprend, tous les jours. Il ne connait pas forcément tous les codes complexes de notre société. Elle ne sait pas forcément que quand elle crie, elle nous dérange. Ils sont souvent dépassés par leur émotions et la pression fait tout sauter : la frustration les met dans des colères noires, le fait de grandir et évoluer si vite n’est pas évident à gérer dans un cerveau pas tout à fait fini (il le sera à l’adolescence, même si on a souvent l’impression du contraire). La fatigue leur fait perdre les pédales, tout comme nous. Et ils n’ont pas tous les mots pour nous l’expliquer, ni l’attitude « correcte » pour attirer notre attention.

On leur demande de bien se tenir à table, de finir leur assiette et de ne pas en mettre partout.

On leur demande de nous laisser tranquille, puis de nous faire des câlins quand on l’a décidé, d’avoir besoin de nous mais pas trop.

On se demande souvent « pourquoi est il si ingérable ? » , « qu’est ce que j’ai fait pour avoir un enfant pareil ? » (enfin moi, je me le demande à peu près 10 fois par semaine)

On leur demande de tout écouter, de ne pas sourciller, de ne pas se rebeller, quand on râle à la moindre contrariété.

On leur demande d’être « comme les autres » quand on sait et qu’on chérit le fait qu’ils soient uniques.

On leur demande d’être patients, quand nous on ne l’est pas forcément.

On oublie ce que c’est d’être un enfant. Et c’est normal, c’est loin tout ça, et notre vie à cent à l’heure nous en demande tout autant que ce qu’on exige d’eux. On oublie qu’un enfant, ça joue, ça crie, ça remue. Qu’ils dorment parfois peu, parfois beaucoup. Que rien n’est constant, de notre côté comme du leur. On oublie qu’on a été exactement comme eux, qu’on ne voulait pas répondre ou dire bonjour à la dame, ni se coucher à 20 heures, qu’on voulait ceci puis le contraire la seconde d’après. Qu’on piquait des colères parce que nos parents n’avaient pas compris ce qu’on voulait, et parce qu’on avait pas réussi à se faire comprendre. Qu’on désobéissait, qu’on faisait des bêtises, et qu’on en rigolait parce que c’est ce que les enfants font.

Qu’on n’avait nullement envie de provoquer nos parents. Juste de s’amuser. Parce que eux, ils avaient peut être le droit de faire plein de choses, mais leur vie avait l’air beaucoup moins amusante parfois… Que quoiqu’il arrive, on les voyait comme des super héros, même quand ils nous grondaient. Qu’on avait pour eux un amour et une admiration sans bornes. Même quand on les faisait virer chèvre…

Parce que nos enfants sont comme nous à leur âge. Il y a surement plus de tentations dans le monde d’aujourd’hui, plus de stimulations. Ils sont surement plus à l’aise avec certaines technologies (comme on l’était nous aussi avec d’autres). Ils ne sont pas forcément plus turbulent qu’on ne l’était.

Sauf que cette fois, ce sont nous les parents, et ce n’est pas un rôle facile tous les jours.

EDIT :  A lire aussi, le très bon billet de ma copine Blabla Pipelettes sur le sujet 🙂

 

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