Trouver sa place d’ainée, ou quand Liloute devient grande soeur.

Il y a bientôt 4 mois, ma Liloute devenait grande soeur. Et, il faut le dire, ça l’a un peu perturbée.

Elle qui était si habituée à avoir toute notre attention, à être au centre de notre monde, a été pendant un temps reléguée au second plan par manque de temps pour elle face à un bébé qui pleurait jour et nuit de douleur pendant des heures… Avec le recul je m’en veux beaucoup mais, malheureusement, je n’aurais pas pu faire plus. Nous lui avons expliqué la situation, mais c’était très dur de lui accorder du temps à elle seule quand nous n’en avions même pas pour nous doucher, manger, etc…

Et puis, au bout d’un mois environ, elle a commencé à réagir. Plutôt violemment. Et j’ai mal réagi, à mon tour, la trouvant capricieuse, colérique, difficile à comprendre et canaliser. Je me suis souvent énervée, mise en colère, poussée à bout par ses crises et un bébé qui hurlait dans mes bras. J’étais également très déçue et en colère contre moi même. Depuis les 6 mois de Liloute, nous avons une relation plutôt fusionnelle (avant, c’était le RGO qui lui collait à la peau, et moi qui ai eu du mal à créer un lien) et la sentir s’éloigner, pire, devoir l’éloigner, ne plus la comprendre, faisait mal.

Elle s’est mise à crier, hurler, frapper, cracher, se rouler par terre et j’en passe… Je ne reconnaissais plus mon enfant. Chaque minute était une bataille. Contre elle et contre moi, contre certaines croyances ancrées malgré mon envie d’éducation bienveillante (et que la fatigue faisait ressortir). C’est bien simple, j’avais l’impression qu’elle cherchait à me faire sortir de mes gonds, à me provoquer, pire qu’elle ne m’aimait plus. Elle m’insupportait, enfin c’était surtout la situation qui m’était insupportable. J’étais coincée entre une enfant qui m’usait et un bébé hurleur et plein de douleur, entre deux malaises aigus que je n’arrivais pas à soulager.

Elle avait besoin de nous, de moi, je le savais, et ça me rendait dingue de ne pas pouvoir y répondre comme je le voulais. J’avais aussi envie de me poser quand par miracle Miniloute dormait, mais sa soeur elle, donnait l’impression de tout faire pour la réveiller et me pousser à bout : braver tous les interdits en m’appelant genre « Maman regarde j’ai pas le droit, je le fais et en plus avec le sourire ! », me repousser en criant dès que je voulais instaurer un temps calme, se planter dans le couloir des chambres et hurler…

Ca a été une période très dure, on m’avait prévenue et pourtant je n’aurais pas imaginé voir ma petite chipie changer à ce point. J’ai eu très peur de ne jamais la retrouver, nous retrouver, ne pas arriver à faire la transition. Je rejoins les copines : passer de 3 à 4 c’est très dur. Même si avec le recul le plus dur a été de passer de 2 à 3 pour moi, car la naissance de Liloute a été suivie de mois très difficiles, plus que ceux qu’on vit (ou avons vécu?) pour sa petite soeur.

Et puis, au fur et à mesure que le temps passait, que Miniloute souffrait moins (j’ai dit moins, pas plus… malheureusement), que tout le monde trouvait un rythme et une place qui lui convenait, j’ai eu le sentiment que les choses revenaient doucement en place. Pas à leur place initiale bien sûr puisque l’équation avait changé mais une évolution plutôt naturelle, même si elle ne s’est pas faite sans heurts. J’ai vu ma Liloute grandir (l’entrée à l’école doit aussi y être pour quelque chose, que de changements pour elle en peu de temps…) et s’intéresser de plus en plus à sa soeur. Elle ne la rejette plus, au contraire : elle court vers elle le matin en criant son prénom avec bonheur, lui fait des bisous, la fait rire et sourire, se montre impatiente de jouer avec ce bébé qui grandit de plus en plus (et lui voue une admiration totale). Elle a retrouvé son âme d’enfant câline et se blottit à nouveau dans nos bras régulièrement. Elle accepte d’ailleurs sans problème de nous partager avec sa soeur, bien que ce soit toute autre chose pour ses grands parents et ses oncles !

Ces derniers jours, je la trouve vraiment grandie, réfléchie, elle m’épate par son évolution à tous les niveaux et surtout, elle a l’air heureuse. Je pense qu’elle l’est vraiment, à cette place de grande qui va à l’école et elle se sent investie de la mission de grande soeur sans qu’on lui aie mis la pression…

« Maman, nous on s’aime fort, parce qu’on est des soeurs. »

Ou comment me mettre la larme à l’oeil !

 

 

Alors oui, elle reste nerveuse, parfois difficile à canaliser, impatiente , mais c’est une enfant… Je suis tellement fière quand je vois qu’elle s’est adaptée à tous ces bouleversements et en ressort grandie, alors que je n’ai pas le sentiment de l’avoir beaucoup aidée ou soutenue (et je le regrette beaucoup), quand je vois la grande fille qu’elle devient… Et mon amour pour l’une n’a absolument pas eclipsé mon amour pour l’autre.

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