Je ne suis pas une vraie mère au foyer. J’avoue que je triche, j’ai la chance d’avoir un mode de garde 4 jours par semaine (3 à partir de septembre), qui me permet de faire tout ce que j’ai à faire hors weekend, sans petite glue dans les jambes ! Je crois l’avoir déjà dit, mais j’admire les mamans qui arrivent à gérer maison/enfants/ paperasse/courses, en particulier celles qui savent faire la part des choses et reconnaître qu’elles n’ont pas besoin d’être parfaites. Juste elles même, sans se mettre la pression.
Cependant, un jour par semaine, le lundi, Liloute et moi restons en tête à tête. Pas de nounou, monsieur est au travail et je dispose de 8 heures pour profiter de ma petite fille d’amour… En théorie. Nous avons choisi le lundi parce que ça nous semblait être bien de finir le weekend sur une transition douce, entre mère et fille, une bonne façon de débuter la semaine. Sauf que certains lundis, c’est plus sport que mes 4 jours marathon cumulés !
Petit descriptif d’une journée avec Miss S… (toute ressemblance avec des situations existantes… n’est pas qu’une pure coïncidence !)
6h30 : Le réveil de Monsieur sonne, je savoure l’idée que je vais pouvoir rester au lit jusqu’au réveil de Liloute. Le reste de la semaine (hors weekend), je me lève tôt moi aussi pour préparer la miss avant que tout le petit monde parte chez la nounou.
6h58 : J’entends le bruit de la douche et prie pour que ça ne réveille pas la demoiselle. Par chance (ou pas), c’est dans notre chambre que passent les tuyaux d’eau.
7h25 : Le bruit de la porte d’entrée qui se ferme me paraît toujours un peu trop violent. D’ailleurs, ça fait écho et le babyphone grésille. Je repose ma tête sur l’oreiller, une jambe hors du lit, juste au cas où.
7h28 : Le voisin du dessus est très ponctuel, et comme tous les matins, il prend sa douche dans sa chambre, soit juste au dessus de ma tête. En prenant garde à jeter laisser tomber le pommeau par terre une fois qu’il a terminé.
7h44 : Bruit de pommeau, signal que je peux espérer trouver le repos quelques minutes.
7h44, toujours: La voisine du dessus aime manifestement faire les 100 pas sur le parquet de sa chambre, en talons aiguilles s’il vous plaît.
8h00 : Et claquer la porte d’entrée, aussi. Le babyphone grésille, je me dis que je suis réveillée depuis 6h30, à quoi bon ? Allez , encore 5 minutes…
8h01 : Le babyphone grésille depuis quelques minutes, son « clac » à l’activation va me rendre folle. Je songe à l’éteindre.
8h02 : Un autre claquement de porte, plus violent cette fois. Le babyphone grésille : « Mamaaaaaaaaaan! » Oh, Liloute émerge de sa « grasse matinée ».
8h10 : Le biberon chauffe, Liloute trépigne sur ma hanche. « Bibiiiii! Biiibiiii! » Une fois bébé calée dans son fauteuil, biberon à la main, je peux me faire un thé, et embarquer mon petit déjeuner devant l’ordinateur…
8h12 : « Tatoooooo ! » Mince, elle doit avoir un détecteur de nourriture, pas possible autrement. La voilà qui court vers moi, me tend son biberon vide et s’installe sur mes genoux pour rafler tous les petits beurre.
8h23 : Mon thé est froid, je n’ai mangé qu’un biscuit et même pas pu répondre à mes mails. Liloute tente d’attraper la souris et me réclame « tapi tapi » ou « da da da ». Cela fait juste 10 minutes que les deux passent en boucle, mais elle ne semble pas se lasser.
8h40 : J’ai enfin réussi à préparer mes affaires pour la salle de bains. Liloute regarde la télé, j’ai à peu près 4 minutes 50 devant moi. Un luxe.
8h43 : Je sors de ma micro douche, et grelotte parce que la porte est entrouverte. Je m’enroule dans une serviette et vérifie : bébé danse devant la télé, rien à signaler. Je reviendrai toutes les 2 minutes, histoire de voir si son silence n’est pas suspect.
8h46 : 6 minutes, un record. Liloute est accrochée à mes jambes « Ieeeen maman! ». Je lui réponds que j’ai bientôt fini, elle me répond par un non, s’assied par terre et pleure. Bon, qui a vraiment besoin de se mettre du mascara, hein ?
9h01 : Sur la table à langer, mademoiselle se débat. Elle aurait bien aimé rester les fesses à l’air après avoir fait semblant de lire sur le pot. Avec un peu de ruse, j’arrive à la faire passer à autre chose et termine l’habillage. Je me pose ensuite devant l’ordinateur, pendant qu’elle décide de jouer un peu. Ouf !
9h16 : Cela fait 10 minutes qu’elle tente de manger la pâte à modeler dès que j’ai le dos tourné. Je lui enlève, et c’est la crise. Mais dès que je prononce le mot « poussette » elle file chercher son blouson.
9h33 : Il fait plutôt bon, ce matin. Les oiseaux chantent et Liloute aussi. Je la sens bien, cette journée.
10h15 : 20 minutes à la caisse du supermarché, c’est un peu trop pour choupette. Malgré les bonnes intentions de la mamie devant qui essaie de la distraire en lui pinçant les joues depuis que nous sommes arrivées, elle pleure. Regard en coin de la mamie, qui apparemment le prend pour elle et me tient pour reponsable.
10h31 : je me demande d’où vient tout ce monde dans un supermarché en pleine semaine et me jure d’y aller seule la prochaine fois. Un petit passage par la pharmacie et il est temps de rentrer.
11h02 : La poussette franchit la porte d’entrée et Liloute couine pour en descendre. De mon côté, je suis déjà fatiguée, transpirante et j’ai les jambes en coton : la pente pour accéder à la résidence m’a achevée. Je dépose le sac de courses, les couches, range le tout pendant que ma progéniture essaie discrètement de rentrer dans la cuisine.
11h55 : A table ! Je crois que je n’ai jamais mangé aussi tôt. Ou du moins, essayé de manger. Alors que le contenu de nos assiettes est le même, miss S. pleure pour avoir la mienne et repousse la sienne avec violence. Je la sens mal, cette journée.
12h24 : je finis ce qu’il reste de mon repas (froid), profitant du fait que Liloute est absorbée par midi les zouzous… Moi je voulais regarder futurama. Je débarrasse vite fait la table en me disant que la vaisselle attendra la sieste, comme le reste.
13h12 : Temps calme. Je mets en route le cd Rockabye Baby, aujourd’hui ça sera Radiohead. Liloute décide de lire tous les livres de sa bibliothèque.
13h28 : A la voir couchée sur le tapis du salon, je dirais que l’heure de la sieste est venue. Et ce, même si elle me répond par la négative au « on va au lit? ». Je tente le rituel du « au revoir à toute la maisonnée », rituel qui plaît beaucoup, notamment au moment de dire au revoir au chat, qui dort déjà.
13h48 : Après avoir réclamé sa poupée, son biberon d’eau, ou que je remette la musique de sa veilleuse, elle chouine toujours un peu. Je décide de m’isoler pour faire la vaisselle, ranger le linge, étendre la dernière lessive.
14h03 : Plus un bruit. Soulagée, je m’affale devant mon écran et regarde mes mails pour la première fois de la journée. Des recherches pour le blog, un peu de facebook, et j’en profite pour remplir ma to do list.
15h20 : Elle dort toujours, miracle ! J’ai pu faire un peu de rangement, de la paperasse en retard, et je songe sérieusement à regarder le replay de Revenge.
15h26 : Oui, bon, Revenge, ça sera pour plus tard.
16h03 : Une compote, deux petits suisses et mes quelques petits beurre. On ne dirait pas qu’elle a mangé mon assiette a midi cette enfant. La voilà qui réclame que je m’asseye par terre et me donne un à un les accessoires de sa poupée. Si jamais je lui fais l’affront de me lever, elle me rappelle à l’ordre d’un strident « NAAAAAAN MAMAAAAN! », limite autoritaire. Et tant pis si le canapé est plus confortable que le carrelage.
16h25 : Le bruit salvateur des clés dans la serrure. Liloute court vers la porte d’entrée, vers son père, et je peux oser m’asseoir sur le canapé.
16h28 : « Naaaan maman! Ieeeeen ! » Ah bah non, en fait.
18h31 : Je n’ai toujours pas rédigé ce billet en attente depuis 2 jours. C’est l’heure du bain, monsieur est occupé mais prendra le relais pour le pyjama (bon courage!). Je mets des légumes congelés dans le cuit vapeur, lance la cuisson et le remplissage du bain.
18h36 : « Mouuussse, mamaaaan! Mouuuuuche! » Debout dans la baignoire, elle me montre le gel douche. Soit, ça sera donc un bain moussant.
18h48 : Lavée et rincée, Liloute joue tranquillement. Le moment pour moi d’appeler son père et de filer en cuisine. Les légumes sont presque cuits, tout est prêt, je sors les couverts et m’installe devant mon écran.
18h58 : 10 minutes de tranquillité. Je songe à continuer mon billet, mais voilà mon grand bébé en pyjama qui veut monter sur mes genoux, et dessiner sur ma to do list. De toute façon, elle ne servait à rien.
19h24 : Après 20 minutes à hurler pour nous signifier que non, elle ne mangerait pas ses pâtes mais que, par contre, notre salade bien piquante lui faisait envie, elle engloutit 2 compotes à boire l’air ravi, les yeux rouges et bouffis. J’ai mal à la tête.
19h45 : Elle se hisse sur le canapé, à côté de nous. Ou plutôt entre nous. Me monte dessus et me prend dans ses bras, version mégacâlin. Ses petits bras potelés accrochés à mon cou, je fonds.
19h58 : Au mot « dodo », Liloute a soudainement envie de jouer aux légos, nous faire des bisous, danser et chanter. Sa tétine et son doudou valsent par terre, signe qu’elle ne juge pas le moment opportun pour aller se coucher.
20h17 : Rituel du au revoir. Le chat n’ouvre même pas les yeux quand elle piaille « Awaaaaar mimiiii! », il a l’habitude. Je pose la miss dans son lit, après avoir allumé sa veilleuse, la musique qui va avec, et l’avoir couverte de sa petite couette. Elle m’envoie un baiser et agite sa main pour me saluer. J’ai la permission de tourner les talons et fermer la porte.
20h22 : De la salle de bains où je me démaquille, je l’entends pleurer. Evidemment, c’est moi qu’elle appelle, en plus de son biberon d’eau, qu’elle a pourtant refusé avant le coucher. Il n y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
20h41 : Monsieur revient dans le séjour après avoir attendu patiemment que Liloute s’endorme, à côté de son lit. J’ai pris le temps de terminer le fameux billet et regarder mes mails. J’ai refait une to do list, une vraie, pour le lendemain.
21h25 : Lovée contre monsieur dans le canapé devant une série télé, je sursaute au passage d’un scooter pétaradant. Machinalement, il coupe le son. Quelques gémissements proviennent de la chambre, mais rien d’alarmant. Soupir de soulagement.
23h34: Après m’être lavé les dents, je fais un détour par la chambre de bébé. A la voir si paisible, si mignonne dans son petit lit, je souris. J’écoute sa respiration régulière et observe la manière dont elle étreint sa peluche. C’est certain, demain, elle va me manquer.
Ce n’est qu’un exemple d’une de mes journées en mode maman au foyer, aucune ne se ressemble vraiment. Et malgré la fatigue, l’agacement, la lassitude qui peut parfois transparaître dans ce récit, j’apprécie ma chance de pouvoir partager un peu de temps avec ma fille, tout en ayant aussi du temps pour moi les mardis, mercredis, jeudis et vendredis…
Je retrouve beaucoup de moi dans cet article, même si ici les voisins ne font pas de bruit le matin je scrutte les miaulements de chats, son passage trop bruyant dans sa litière, la moto ou le camion de pompier dans la rue,…
Je ne tente même plus de lancer mes mails avant la sieste. Au mieux je twitte vite fait dans la matinée!
Parfois j’ai l’impression que les journées au travail sont moins fatigantes….mais elles sont aussi moins riches en émotions et j’aime mes journées marathon à la maison!