Je suis maman et je suis fatiguée.

Je suis maman et je suis fatiguée. Fatiguée physiquement, fatiguée moralement, par l’accouchement, les premiers mois avec un bébé RGO et la culpabilité…

On en parlait récemment, l’arrivée de bébé numéro 3 a été un gros chamboulement. Toute une organisation à repenser, une nouvelle fatigue à gérer (et à 35 ans, le post partum n’est pas ressenti pareil qu’à 26 ou 29…), réussir à ce que chacun trouve sa place dans un appartement bien trop petit pour 5, gérer les émotions de tous mais surtout les miennes après une grossesse surprise et des premières semaines très compliquées… Je me livre un peu plus ici, si vous n’êtes pas fan des articles perso et « vidange de cerveau » passez votre chemin 😉.

Je suis maman et je suis fatiguée. Fatiguée de ne pas dormir, de marcher à longueur de journée, de porter, de bercer, de ne pas savoir quand je pourrai à nouveau me reposer ou dormir 6 heures d’affilée. 
Fatiguée aussi par les derniers évènements, le confinement, le stress, l’angoisse et les mesures sanitaires. Je ne remets rien en cause mais c’est épuisant. Ça ajoute à la charge mentale déjà bien présente avec 3 enfants.

Je suis mère et je suis fatiguée de me justifier ou de culpabiliser pour tout.

Je suis femme et je suis fatiguée de devoir tenir un rôle souvent pesant parce que la société l’a dicté, en dépit des tempéraments de chacun. 

Je suis épouse et je suis fatiguée de ne croiser mon conjoint qu’entre deux biberons/tétées/bains/devoirs/rituels du coucher. 

Je suis un être humain et j’ai le droit de me plaindre. Le droit de ne pas être rayonnante tous les jours, même si j’aime mes enfants plus que tout et que cette vie, je l’ai choisie. J’ai le droit de péter un cable après une énième nuit hachée ou parce que bébé souffre trop lors d’une crise de reflux douloureuse qui tombe juste dans le créneau déjà compliqué du 18-20. 

La fatigue et le rgo

Je ne l’apprends à personne, avoir un bébé c’est fatiguant. Avoir un bébé quand on a déjà deux enfants aussi. Alors avoir un bébé rgo qui ne dort que très peu et sur vous à la verticale quand on a des problèmes de dos, c’est un défi ! Ajoutons à ça la mise en place compliquée de l’allaitement et une tendance à vite démoraliser… et on obtient un cocktail bien sympa physiquement et moralement parlant.

Je passe mes journées et soirées à marcher avec un bébé contre moi. Bien sûr, j’aime le portage, mais les premiers mois c’est plus une nécessité pour soulager un bébé qui souffre et libérer mes bras que pour materner a proprement parler. Je ne m’assieds quasiment pas. J’ai mal partout : au dos, aux jambes, aux bras, au cou… C’est simple je suis épuisée. Les nuits aussi sont compliquées : comme Miniloute, Bébéloute nous a fait quelques nuits rapidement pour arrêter à 2 mois. On a au moins un réveil par nuit et si allaiter est clairement moins fatigant c’est tout de même une coupure dans mon sommeil déjà pas mal perturbé : je suis incapable de me rendormir tant que la tétée n’est pas terminée et j’ai un bébé qui me prend pour une tétine la nuit !
Malgré cela quand elle sourit et babille au petit matin je suis toujours émerveillée (crevée mais émerveillée, c’est le propre de tout parent de jeune enfant je crois !). Plus elle grandit plus il y a de moments heureux où je me dis que j’aime ma vie comme elle est. Pas de dépression juste une grosse fatigue ! Mon rapport à la maternité a changé pour ce dernier bébé et même si je suis souvent à bout j’ai gagné en sérénité. Le chemin vers une vie de famille totalement épanouie est encore un peu long cela dit.

La charge mentale, encore elle

Ah, la fameuse charge mentale… cette liste de choses dans la tête h24, cette tonne de choses à prévoir ou penser en permanence, cette impression de tout porter sur ses épaules… C’est déjà difficile en temps normal mais avec un nourrisson c’est clairement insupportable !
Alors j’étale et j’épure la liste de choses à faire. J’essaie de trouver comment chacun peut contribuer à faire marcher l’organisation familiale sans avoir à tout gérer (ok, pour une control freak c’est un challenge mais c’est une nécessité pour ne pas sombrer !)

J’en ai marre de culpabiliser quand c’est Monsieur qui gère le ménage, les repas, l’endormissement de bébé, les grandes, les courses ou le linge. Parce que c’est juste normal au fond. Chacun fait sa part et je ne peux (et ne dois !) ni tout faire ni tout penser.
Il faudra sans doute encore quelques temps avant de trouver l’organisation et la répartition qui convient pour notre famille. Le premier mois, on était en mode survie à 5 24 h sur 24, maintenant on commence à prendre des marques mais c’est encore fragile.

Il faut arrêter de penser que le congé maternité est un congé justement. C’est une convalescence pour récupérer de l’accouchement mais aussi un temps ou l’on doit s’occuper d’un tout petit bébé 24 heures sur 24. Alors oui ce bébé on l’a voulu et c’est bien normal qu’on s’en occupe, mais comment voulez vous qu’on se remette si en plus des nuits blanches et de la chute d’hormones on doit gérer toute la maison, la paperasse etc ?
Non on n’a pas forcément le temps d’avoir un intérieur impeccable et de préparer de bons petits plats. Et non ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on a plus de facilité à faire tout ça.
Oui, quand on allaite on pourrait penser que le papa est moins présent. Mais c’est faux : il y a tout le reste !

Le besoin de temps pour moi, mon couple et mes aînées

Ce qui me fait le plus défaut (à part le sommeil !), c’est du temps libre pour moi. Regarder un episode de série en entier, sortir seule, juste ne rien faire sans avoir à me soucier du linge, des tétées, de la sieste de bébé, du repas, de ma to do list interminable (promis, j’essaie de l’épurer au max)… tout ça me manque cruellement et j’espère que ce sera possible dans les prochains mois. Je manque aussi de temps pour mes projets pro et je me sens hyper frustrée face à ça. Mon congé mat s’achève bientôt mais je suis toujours vissée à mon bébé qui a besoin de moi et dort très peu sans ma présence. Normal vous me direz, elle a à peine 3 mois ! Alors j’essaie de relativiser mais j’ai vraiment besoin de souffler.

Mais j’ai aussi besoin de temps pour mon couple : j’ai parfois l’impression d’être en coloc alors que pas du tout. Pareil, j’ai espoir que bébé dorme plus souvent hors de mes bras pour avoir le temps de regarder un film en amoureux ou tout simplement pouvoir discuter.

Enfin, mes aînées me manquent : j’en ai marre de les coller devant les écrans ou les envoyer dans le jardin, leur demander de chuchoter parce que leur sœur a le sommeil léger (l’habituer au bruit ? Ça n’a jamais marché…) et que si elle se réveille elle hurle et m’enlève à elles… Mes mots peuvent paraître un peu forts mais c’est comme ça que je le ressens. Je porte et j’allaite un bébé 16h sur 24, j’essaie de l’endormir pendant de longues heures et le reste du temps il faut bien gérer la maison le linge et l’administratif. Du coup du temps pour elles je n’en ai que trop peu et même si elles ont l’air de comprendre je sais qu’elles ont besoin de moi.

Entre cet article et celui sur l’organisation avec 3 enfants vous devez vous dire que je dresse un tableau bien noir de la vie à 5. Je suis consciente que c’est sûrement dû à la fatigue et que ça ira mieux dans quelques mois. Comme souvent ici j’ai à cœur de parler de « la vraie vie » et ne rien édulcorer. Certes cette vie est farceuse et nous a collé à chaque fois des bébés rgo dans les bras mais l’arrivée d’un bébé même si c’est un événement merveilleux n’est jamais toute rose : laissez tomber le ménage et l’objectif d’un intérieur parfait digne d’Instagram ! L’essentiel c’est le repos, l’amour et les priorités « immédiates ». Le reste on s’en fout, et je dis ça autant pour vous que pour m’en convaincre moi 😉

Je suis maman et je suis fatiguée, mais je sais que ça ne dure qu’un temps. Un jour elle ira mieux, un jour elle dormira mieux, et moi aussi. 

Si vous connaissez une maman fatiguée, épuisée, au bout du rouleau, s’il vous plait, écoutez-là, ne pensez pas qu’elle se plaint trop. Je commence tout juste à sortir du tourbillon qu’est le 4ème trimestre et je reçois énormément de messages sur les réseaux quand je me « plains » : je suis loin d’être la seule mère fatiguée ! Et en ces temps de confinement, l’isolement peut rendre la situation encore plus difficile à vivre. Alors, si vous pouvez aider, écouter, apporter quelques mots de réconfort pour aider une jeune maman à aller mieux ne serait-ce qu’un instant, n’hésitez pas 😉

Si vous êtes une maman plus que fatiguée, en détresse, dépassée, que vous avez l’impression de vous noyer : parlez-en, consultez, même en visio. Prenez soin de vous, c’est important. Vous êtes importante.

C’est sur ces paroles un peu décousues que je clos cet article bien trop long. On a tous été des parents épuisés. Ça fait partie du jeu. On sait que ça passe. Mais quand on est dedans, ça parait interminable…

8 commentaires

  1. Je n’ai que 2 choses à dire.
    1) ça va passer. Dans 1 semaine, 1 mois, 1 an… Chaque petit ou gro désagrément va finir par passer. Un jour, elle fera ses nuits. Un jour, le rgo se calmera, un jour tu auras plus de 3mn pour prendre ta douche et tu pourras même prendre le temps de t’essuyer entre les doigts de pieds.
    2)certains de ces désagréments ne passeront que si tu es intransigeante avec les prescripteurs. Si elle a un traitement pour son rgo et qu’elle n’en dort toujours pas, c’est que le traitement ne marche pas. Ce n’est pas de ta faute, pas la sienne, pas celle du médecin, mais si ça marche pas, faut soit monter les doses soit changer de médoc. Perso j’étais tellement épuisée que je n’ai pas eu le courage d’emmener tout de suite mon fils voir d’autres prescripteurs à l’autre bout de la ville, ne pas trouver de place pour se garer.. . Et d’y retourner quand ce n’était pas suffisant ! Un traitement, ça doit être un miracle. Si ça te permet juste de gagner 1/2h de sommeil/nuit c’est pas assez. Ça a été ma grosse erreur. J’ai perdu plusieurs mois.

    Bon courage
    Moi dda dans 10j…

    1. Coucou Blandine et merci pour ton commentaire 😉
      Je sais que ça passera mais certaines choses ne changeront pas je pense (notamment la charge mentale et ma tendance à culpabiliser pour tout).
      En ce qui concerne le RGO, le traitement fonctionne car elle ne fait plus de crises énormes comme au début et souvent ne pleure même plus quand elle régurgite. Les nuits, ça peut mettre du temps même sans reflux malheureusement (et encore bien souvent je n’ai qu’un réveil tétée et elle se rendort après)
      Bonne fin de grossesse 😉

      1. Juste un petit mot en passant pour vous dire que je vous comprends ++++. Etre maman c’est la chose la plus difficile au monde. Une des choses que j’ai trouvé, trouve, le plus dur c’est qu’il faut sans arrêt faire abstraction de ses propres besoins ou envies, et devoir culpabiliser quand on prend 1 minute pour boire un verre d’eau ou aller aux toilettes qui sont rappelons le des besoins essentiels parce que bébé pleure pendant ce temps là ou un autre enfant appelle pour un autre prétexte, c’est juste USANT….

  2. Bonjour,

    Tout d’abord, félicitation pour l’arrivée de ta petite fille et quel courage de ta part de parler de la fatigue des mamans.

    C’est humain de réagir comme tu le fais et bien de pouvoir poser les choses et dire ce que tu ressens.

    Je suis maman d’un adorable petit garçon de 2 ans et comme toi j’ai eu beaucoup de mal a m’organiser, fatigue, angoisse, et pourtant je n’ai qu’un enfant.

    Avec tout ça, tu as la crise sanitaire qui n’arrange rien et qui isole et coupe tout lien social.

    Tout ce que je peux te souhaiter et de faire de ton mieux, lâche prise même si cela est plus facile à dire qu’à faire (je suis passé par la).

    Écrit ce que tu ressens, cela te permettra d’extérioriser.

    Tu as toute ma tendresse et mon affection et quel courage de t’occuper de tes 3 enfants, je respecte toutes les mamans qui ont 2, 3, 4 ou 5 enfants…moi je ne pourrais pas le faire (je sais c’est peut-être égoïste pour mon fils qui va grandir tout seul mais je me voyais pas avoir un autre enfant).

    Élevé un enfant n’est pas de tout repos mais je me dis que si il y a l’amour, l’affection, l’écoute alors tout est possible.

    Pleins de courage a toi et prends soin de toi.

    1. Bonjour,
      Un grand merci pour ton commentaire, ça fait beaucoup de bien de lire ça 🙂
      Ce n’est pas égoïste de savoir ce qu’on veut, un enfant c’est bien aussi ^^

  3. Maman d’un grand de 6 ans, nous venons d’accueillir sa petite soeur qui a 11 semaines.
    Mon grand avait souffert d’un RGO interne, difficile a diagnostiquer mais traiter a ses 2 mois. L’inexium a ete miraculeux, meme s’il a fallu surveiller et augmenter les doses… nous en sommes sortis a ses 9 mois.
    Pour ma puce, j’etais aux aguets, pour prendre le RGO des le debut et eviter souffrance pour elle et epuisement pour nous.
    Elle a donc elle aussi un RGO, beaucoup plus delicat a traiter. Inexium fonctionne… mais il y a des jours moins bien… la pediatre souhaite qu on diminue la dose progressivement. C est ce que j’ai fait, et deouis 2 jours, c est le retour des douleurs, grattage de visage intempestifs et que des micros siestes en journee… cumulé a cela, pour succipition d allergie aux prot. de lait de vache, nous sommes au lait de RIZ AR… bien toléré certes mais qui ne diminue pas poir autant son reflux.

    Etre maman, c est epuisant.
    Etre maman de bebe RGO, meme si aujourd’hui la communauté medicale prend plus en compte cette pathologie, c est etre patient.
    Oui ca va passer, oui elle va etre diversifiée…
    Mais je vais la confier a une nounou dans 1 mois et j’angoisse. Va t elle s’adapter au comportement de ma fille qui passe pour une capricieuse qui aime trop les bras alors que non, elle en a besoin poue s apaiser quand elle souffre. N oublions pas la douleur que subissent ces enfants. Au dela de celle du parent qui souffre de ne pas savoir comment soulager leur bébé.

    Pour finir, je souhaite du courage a tous les parents qui vivent cela, parceque les papa trinquent aussi… quand ils rentrent du travail, que la maman est épuisée d avoir ete impuissante sur la douleur de son petit, il faut etre la, ecouter, comprendre, consoler.

    1. Merci pour votre commentaire… Je comprends votre angoisse pour la nounou j’avais la même pour ma première ! Finalement ça s’est très bien passé mais je suis tombée sur une perle et le RGO commençait à se calmer vers 4 mois. Il faut bien en discuter avec la personne qui va s’en occuper, ne pas avoir peur qu’elle refuse parce qu’au moins ça sera clair dès le début.
      Je croise pour que ça s’apaise bientôt. Chez nous pareil, des jours avec et des jours sans mais tout doucement les sans sont moins durs… Tout doucement.

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