La suite de l’article « la maman en colère » : 4 ans après, est ce que je suis toujours cette maman en colère qui crie tout le temps ?
Il y a quelques années (quand j’étais encore la maman de 2 enfants), j’ai écrit un article très personnel sur mes émotions et notamment sur la colère que je ressentais très fort en tant que mère… et la culpabilité qui en découlait.
Si ça vous intéresse, l’article en question est ici : Maman en colère, pourquoi je crie tout le temps ?
Aujourd’hui, j’ai 3 enfants et la colère fait toujours partie de ma vie. Pourtant, je le vis très différemment et j’ai fait beaucoup de chemin depuis ! La preuve : j’accompagne désormais les mères à mieux vivre leur maternité, avec plus de simplicité, d’authenticité et d’acceptation de soi… alors qu’il m’arrive encore de péter les plombs régulièrement !
La colère, les émotions et ma maternité :
En devenant maman, ma sensibilité m’a un peu « sauté au visage ». J’en parle souvent mais je vis nettement plus intensément mes émotions depuis que j’ai des enfants, et ça m’a beaucoup perturbée.
Parce que la maternité a non seulement fait voler en éclats mes certitudes mais m’a aussi révélé à moi même, je me dis souvent que c’était une épreuve mais aussi une bénédiction. En plus de tout ce que ça change de devenir maman, je trouve que le rapport avec ses propres émotions, sa propre enfance, son propre rapport à soi en fait est une des choses qui est le plus challengeant avec la vie de mère.
Et le fait d’avoir aussi une enfant qui vit très fort ses émotions (ma petite deuxième, que je n’aime pas étiqueter comme hypersensible mais qui s’en rapproche tout de même) me renvoie aux miennes ! Des fois c’est un atout d’être aussi sensible qu’elle, des fois ça rend le tout compliqué (effet miroir tout ça).
Bref, ce que j’ai vraiment ressenti c’est que j’avais passé des années à réprimer mes émotions, à les voir comme quelque chose de mauvais, une faiblesse à cacher… Et que je croyais au fond qu’il fallait les refouler et ne pas les exprimer. J’avais du coup du mal à accepter à la fois celles de mes filles et les miennes, notamment la colère que je voyais comme très mauvaise et indigne d’une « bonne maman ».
Au fond, la colère c’est l’histoire très simple du vase qui déborde : on laisse les petites frustrations, le ras le bol, les contrariétés, quand nos besoins sont négligées, nos limites franchies un peu trop souvent et BAM un jour ça explose. Et forcément quand on est coincée dans une vie à 100 à l’heure où zéro temps est consacré à nous, à ce qu’on veut et à nos besoins, la colère arrive forcément à un moment donné et c’est NORMAL !
Le truc qui renforce aussi tout cela, c’est un genre de cercle vicieux en quelque sorte qui s’installe avec la colère et la culpabilité d’avoir « craqué » : on enfouit ses émotions, puis ça déborde, on crie, on s’énerve, on dit des choses qu’on ne pense pas forcément et on s’en veut d’avoir explosé, ce qui renforce l’impression qu’il ne faut jamais se mettre en colère et qu’il faut enfouir ses émotions, ce reléguer à nouveau au dernier plan… Ce qui alimente la colère sourde qui gronde au fond.
Parce que la vie de maman, c’est un sacré challenge ! Entre la fatigue, le chamboulement, les questions, la pression, les diktats et les tabous autour de la maternité, on a mille et une raisons de péter un câble…
A lire aussi : Être maman, et toutes ces émotions contraires.
Comment naviguer dans sa vie de mère avec tout ça ?
La chose la plus importante que j’ai fini par apprendre au bout de toutes ces années c’est que tout part de moi. Alors oui c’est facile à dire et ça fait très dev perso de comptoir mais c’est vrai au fond.
Déjà, je pense qu’une piste intéressante, c’est de savoir ce qui nous met en colère et arrêter de se juger trop sévèrement pour ça (parce que comme je disais plus haut, la culpabilité alimente la colère etc). Trouver aussi ce qui nous convient sur le moment : prendre du recul, aller souffler, passer le relais, taper dans un coussin…
Ensuite, ce qui m’a beaucoup aidée, c’est de changer de point de vue sur les émotions : elles se vivent, et si on les enfouit, on prend le risque que ça s’installe sur le long terme et que ça génère un mal-être. Alors c’est sur c’est inconfortable et j’ai toujours du mal avec certaines de mes émotions… Mais déjà arrêter de les assimiler à quelque chose de mauvais et plutôt voir le « message derrière » (sans trop chercher à analyser non plus sinon on ne s’en sort plus !), se dire que c’est NORMAL (oui, j’écris souvent ce mot en majuscules) et apprendre à vivre avec.
Par exemple, le message de la colère c’est « les limites ont été franchies » ou si tu préfères « tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice, tu dépasses les bornes des limites ! » et ça permet de savoir quand est ce qu’on en a marre, que quelque chose doit changer. Et avec un peu d’entrainement et d’écoute de ce qu’on ressent, on arrive aussi à sentir que la colère s’accumule et décharger la pression avant que ça explose.
En résumé : depuis que je m’accorde plus d’importance et de temps, que j’apprends à apprivoiser mes émotions, je reconnais mieux les signes et je zappe plus rapidement l’étape « culpabilité ». Pour moi le plus important c’est d’être plus tolérant avec toi-même en premier lieu.
Bien sûr, je continue à me mettre en colère, à la ressentir et parfois à me dire que je ne devrais pas. Je continue à crier et culpabiliser parfois. Je n’ai jamais dit que j’étais parfaite (et heureusement) et j’ai encore beaucoup à apprendre.
Alors, est ce que ça me rend moins légitime à accompagner les mamans ? Et bah justement, je suis convaincue du contraire : pour moi la force de l’accompagnement c’est d’avoir vécu et parfois de vivre encore ce que ressentent les autres, de pouvoir déculpabiliser et libérer la parole autour de ça. Et je crois profondément qu’on a besoin de plus de vulnérabilité, de partage et de casser cette image lisse de la maman qui gère tout sans broncher.
Si ça t’intéresse, tu peux me retrouver sur Instagram (blooming.mums) et sur mon site internet https://blooming-mums.fr/ ! J’organise prochainement des cercles de parole, je prépare un accompagnement de 8 semaines en individuel qui peut aider notamment à apprivoiser les émotions (mais pas que !), j’ai mis à disposition plusieurs ressources gratuites sur la maternité dont un tout nouveau workbook pour cheminer à son rythme vers une vie de mère qui nous correspond plus…
Alors si tu as toi aussi la sensation que tu es une maman qui crie tout le temps (et que tu t’en veux énormément pour ça), je t’envoie tout mon soutien.
Si je ne devais te dire qu’une chose c’est : toi et tes besoins, vous êtes importants. Ne te fais pas toujours passer en arrière plan parce que ta colère te remettra vite fait au premier (et c’est sain, tant que tu l’écoutes).