Parce que parfois, la maternité n’est pas un long fleuve tranquille mais plutôt un tsunami. Mon témoignage dans un article très perso.
Ça faisait un moment que je n’avais pas pris le temps de venir écrire un article perso ici. Sans doute parce que je n’étais pas prête, parce que plein de choses se sont passées entre temps, parce que je n’en avais pas encore le courage, pas envie de recevoir des commentaires qui ne seraient pas allés dans mon sens et pas forcément le temps non plus.
NB : les commentaires sont toujours filtrés, j’aime échanger avec vous mais moins quand ce n’est pas bienveillant 😉 C’est un sujet hyper délicat mais dont il faut parler, n’hésitez pas à commenter, je fais tout mon possible pour créer un espace sécurisé ici.
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On va tout de suite dire les termes : oui, être maman c’est merveilleux, quand on l’a choisi bien sûr. Oui, mes filles sont ce que j’ai de plus précieux, oui, j’aime ma vie, et non, ça n’a pas été toujours à 100% le cas. Je ne pense pas être une mauvaise mère pour autant.
Et je vous explique pourquoi dans cet article.
Non pas pour me justifier non, c’est ma vie, mes choix, mon blog. Mais je me dis que peut-être en lisant ces mots, une d’entre vous au moins pourrait se sentir comprise, écoutée et un peu mieux dans son quotidien.
J’ai envie de partager certaines choses personnelles, si ça ne vous intéresse pas, pas de soucis, mais le jugement n’est pas forcément permis ici. (On en reçoit déjà assez en tant que parents !)
J’en ai déjà beaucoup parlé ici ces dernières années, la maternité m’a chamboulée, ébranlée, remise en question, fait tomber très bas et fait planer très haut aussi. J’ai souvent rêvé de ma vie de mère, idéalisé le tout avec la belle image de la maman sereine et épanouie, son bébé dormant au creux de ses bras et ce rêve m’a même fait mal durant les années à espérer un enfant qui ne venait pas (ou ne restait pas en vie au creux de moi).
Et puis je suis enfin devenue maman. J’ai connu l’enfer du RGO, la dépression post partum, le retour à la réalité après m’être préparée à un nouveau deuil sans avoir pensé à avoir un bébé bien vivant, qui souffrirait et pleurerait de douleur jour et nuit, que je ne parviendrais pas à calmer ni soulager. J’ai cru être la pire des mères, celle qui n’a pas le fameux instinct maternel, qui ne sait pas comment faire avec son bébé. J’ai cru être si nulle qu’on allait venir me la retirer, ça me terrifiait. Mon bébé et ses pleurs me faisaient peur, la maternité me terrifiait alors que je l’avais tellement désirée.
Bien sûr avec le temps et de l’aide ça s’est calmé. La fusion avec mon bébé est arrivée, la vie a été d’une douceur infinie malgré les longues journées sans la voir grandir. Et nous avons eu un second enfant, un second bébé RGO, version hardcore. Je me suis changée en louve, j’ai voulu ignorer tous mes besoins, rattraper mes erreurs, pour me dédier uniquement à ce bébé intense qui avait tant besoin de moi. J’ai voulu m’oublier et n’être qu’une mère H24 parce que je me disais que c’était ça, ce que je devais faire. Je me suis épuisée et j’ai craqué.
J’ai appris énormément avec ma première, compris encore plus avec la seconde, commencé un long chemin pour apprivoiser mes émotions. Et ma troisième, arrivée par surprise, a terminé de tout envoyer valser. Mais tout de même, au fond, je restais persuadée qu’une mère ne devait jamais faillir, que j’avais forcément un problème, que je n’étais pas faite pour ça et que ça allait traumatiser mes enfants. On est d’accord, pas les meilleures conditions pour être épanouie en tant que mère, ou être humain tout court d’ailleurs.
Les mamans, ces super héroïnes… qui n’ont pas le droit à l’erreur
Le droit à l’erreur… J’ai compris que c’était quelque chose que je n’envisageais tout simplement pas, du moins pas pour moi. Je devais être parfaite, sinon j’étais nulle et pire, je ne savais pas qui j’étais. Et ça s’appliquait aussi à la maternité.
Sauf qu’il y avait un hic : si j’avais toujours pu plus ou moins contrôler les choses, la vie avec un enfant, ça ne se contrôle pas. Les émotions, l’angoisse, la peur au ventre et la culpabilité non plus. Avoir un enfant, c’est ressentir tout puissance mille, surtout quand on est très sensible. (Alors imaginez avec un enfant très sensible aussi, hahah) Avoir un enfant, c’est être forcé à lâcher prise. Le mot interdit, le mot détesté : ça m’énervait tellement quand on me disait de lâcher prise ! Arrêtez de dire à un anxieux de lâcher prise, d’arrêter de « sur-penser », à un dépressif d’arrêter d’être triste, à un angoissé de voir le positif et que ça ira mieux. Si c’était aussi facile… ça se saurait.
Pendant des années j’ai cherché à lâcher prise mais sans le vouloir vraiment. Tout simplement parce que le lâcher prise total, ce n’est pas pour moi. J’ai lâché prise sur le lâcher prise et franchement ça me va comme ça.
Mais ce perfectionnisme à outrance, il ne vient pas que de moi. Quand on devient maman, on est considéré à la fois comme celle qui doit faire preuve d’une totale abnégation, mais aussi qui ne doit pas se négliger, continuer à performer au boulot… être sur tous les fronts, disponible pour tout le monde mais surtout prendre du temps pour soi, gérer la maison mais bien répartir la charge mentale, pouvoir accompagner les sorties scolaires et gérer les grèves de cantine mais ne pas partir du travail à 17h (parce que sinon on vous aura demandé si vous avez pris votre après midi) Être une bonne mère mais ne pas trop se vanter non plus, montrer la vraie vie sur les réseaux mais ne pas trop se plaindre quand même, parce que sérieux, la maternité c’est beau si tu n’aimes pas ça fallait pas faire d’enfants !
Je grossis le trait mais je pense que vous avez compris. Les parents, et surtout les mamans, se doivent d’être parfaits en toutes circonstances, alors qu’on redécouvre un tout nouveau monde en le devenant, qu’on élève des petits êtres parfaitements imparfaits (comme nous, finalement). On érige les mères en super héroïnes pour mieux faire passer la pilule : « c’est merveilleux, regardez tout ce qu’elles peuvent gérer, tout ce qu’elle peuvent porter, elles sont tellement géniales ». Sauf qu’on ne PEUT pas tout porter et chacune aura ses propres capacités, ses points forts, ses points « faibles », ses doutes et ses peurs. Et c’est humain bordel !
Non, ce n’est pas que du bonheur, même si c’est un bonheur immense, incommensurable, incomparable. Oui, c’est difficile et non, on n’a pas toutes envie d’être des super héroïnes.
Être parfaite n’a aucun intérêt ni je ne peux pas être heureuse. Avec et sans elles.
Parce qu’au fond, c’est de ça dont elles ont besoin : des parents heureux, bien dans leurs baskets, qui se remettent en question et s’autorisent à ressentir, à se tromper, à s’excuser. Le parfait exemple pour elles, en fait, ce sont des être humains qui font de leur mieux au quotidien.
Se faire aider, ce n’est pas être faible, au contraire
Je vois une psy depuis quelques temps. J’en ai vu plusieurs par le passé, et j’en avais honte.
Celle-ci, devinez quoi, c’est celle de ma deuxième. La fameuse « très sensible », « bébé intense » à qui je ne veux plus coller d’étiquettes (ni à elle ni aux autres d’ailleurs). Et je n’ai plus envie de cacher que je vais voir une psychologue pour aller mieux. Même si je vais bien, parce que j’ai entamé ce long chemin il y a plusieurs années, pourquoi ne pas continuer vers du « encore mieux » si je le peux ?
J’ai longtemps pensé que trop ressentir, c’était mal. Que pleurer c’est être faible, qu’être en colère c’est être méchant, que culpabiliser et ne pas avoir confiance en soi c’était une preuve de manque de caractère. Et qu’à l’inverse, être sur de soi c’était être égoïste et prétentieux. (dixit la fille qui parle d’elle depuis 11 ans sur son blog et ses réseaux) Maintenant, je me dis que c’est une part de moi.
Bien sûr, il y a encore du travail, bien sûr je perds encore souvent patience, bien sûr je me plains et je râle encore trop au goût de certains. Mais je fais mon chemin, et j’aime ma vie. J’accepte de ne pas tout contrôler et que tout ne peut pas être parfait. Et je me reconnecte aux petits moments simples, ceux dont j’avais l’impression de passer à côté.
Je fais de mon mieux, et tant pis si ce n’est pas parfait. Je réalise le chemin parcouru et je sais qu’il n’est pas terminé, loin de là. Mais je suis maman et je vais mieux, je sais aussi que ne pas être épanouie à 100% tout le temps c’est NORMAL.
Si toi aussi tu traverses des moments difficiles, si tu te sens mauvaise mère, perdue, nulle, si tu te demandes si un jour on voit le bout du tunnel : je t’envoie tout mon soutien. Il n’y a aucun mal à en parler, c’est même comme ça qu’on pourra s’entraider au quotidien et libérer la parole à ce sujet. N’hésite pas à te faire aider si tu en as besoin, ce n’est pas une faiblesse mais une force de le reconnaître.